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Une nature morte attribuée à Juriaen van Streeck

Découvrez le vocabulaire formel de Juriaen Van Streeck.

Présentation de l'oeuvre

Attribué à Juriaen Van Streeck (1632-1687), Nature morte. Huile sur toile, 66,5 x 58,5 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Cette nature morte été attribuée au peintre néerlandais Juriaen van Streeck après sa restauration, alors qu’elle était traditionnellement rapprochée de l’œuvre de Willem Kalf (1619-1693), célèbre peintre de nature morte du Siècle d’or hollandais.

Bien que loué par le biographe Arnold Houbraken dans son célèbre De Groote Schouburgh der Nederlantsche konstschilders en schilderessen (1718), Juriaen van Streeck n’a laissé que peu de traces biographiques, alors que nombre d’œuvres, variantes de notre tableau, se retrouvent sur le marché de l’art. Né à Amsterdam en 1632, il y meurt en 1687, alors qu’il est devenu aubergiste.

Les peintures de van Streeck ont souvent été confondues avec celles de Willem Kalf, peintre qui a porté le genre de la nature morte hollandaise à un niveau de virtuosité et de séduction visuelle équivalent à celui qu’avait atteint Jan Davidsz De Heem (1606-1684) pour l’école flamande.

Les œuvres de Juriaen van Streeck sont représentatives de la peinture de nature morte de la seconde moitié du XVIIe siècle. Le goût pour les « chinoiseries », la promotion de la faïence de Delft – laquelle cherchait précisément à imiter la manière de Chine – se retrouve dans nombres de tableaux. Sa peinture s’inscrit dans un moment où l’art hollandais amorce un tournant vers une recherche d’élégance et de luxe, symbole d’une génération prospère qui succède à l’austérité calviniste des pionniers de l’indépendance. Ainsi, le symbolisme des objets, renvoyant à une peinture de Vanités cryptée, n’est pas ici à l’œuvre.

Dans l’œuvre d’Aulteribe se retrouvent nombre d’éléments formels présents dans ses natures mortes et agencés de la même manière : une assiette adossée à un lourd drapé, draperie frangée d’or dissimulant le couteau, quartier d’orange, motifs de la cruche et de l’assiette identiques (Munich, Alte Pinakothek, vente Sotheby’s, New York, 25.11.2017 et vente Kunstauktionshaus Schloss Ahlden, Allemagne,13.05.2006).

La manière et le vocabulaire formel de Juriaen van Streeck sont assez distincts de ceux de Kalf, même dans ses petits formats, comme le montrent par exemple les natures mortes conservée au Louvre ou au musée de Schwerin. Les compositions de Kalf sont plus amples et plus complexes, créant souvent de grands effets de matière à l’aide d’étoffes disposées de manière théâtrale. Kalf crée un clair-obscur plus intense et les touches de lumière apparaissent plus saillantes, notamment avec l’usage plus systématique des reflets dans les verres, que chez van Streeck. Encore faut-il modérer cette assertion au regard de la nature morte d’apparat conservée dans une collection particulière qui offre de puissants effets de lumière. Comme chez Kalf, la touche peut être très pointilliste comme le montre la frange d’or de la draperie dans notre tableau.

 

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Svetlana Alpers, L’Art de dépeindre. La peinture hollandaise au XVIIe siècle, Paris, Gallimard, 1990.

Guillaume Kientz, « Une nouvelle attribution pour une nature morte, château d’Aulteribe, Sermentizon, Puy-de-Dôme », Monumental, 2011, p. 114.

Biographie de Juriaan van Streek dans De groote schouburgh der Nederlantsche konstschilders en schilderessen (1718) par Arnold Houbraken

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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