Art & Architecture

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Paysage fantastique avec moines de Tobias Verhaecht

Observez l'art Flamand du paysage rêvé !

Présentation de l'oeuvre

Tobias Verhaecht (v. 1560-1631), Paysage avec moines, vers 1595-1597. Huile sur bois, 72 x 98 cm. Sermentizon, Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Centre des monuments nationaux /David Bordes

 

En Flandres, à l’aube du maniérisme, le paysage s’impose comme un sujet pictural pouvant à la fois figurer l’invisible des lointains et le prosaïque du quotidien, entre réel et imaginaire. Des paysages fantastiques accueillent ainsi mythes et fables sacrées ou profanes, notamment sous le pinceau brillant du peintre Joachim Patinir (v. 1480-1524), inventeur du paysage panoramique, qui excelle à donner l’illusion de la profondeur à l’aide d’horizons pâles et bleutés. Il est suivi dans cette veine par Herri Met de Bles (v. 1500-v. 1560), élève et neveu présumé de Patinir ou encore Jérôme Bosch (1500-1515).

Jan Bruegel l’Ancien (1568-1625) comme Tobias Verhaecht (v.1560-1631) poursuivent cette tradition visant à spiritualiser la nature. L’Anversois Tobias Verhaecht a la particularité de s’être ouvert à de nouveaux horizons lors de son voyage en Italie, à Florence et à Rome, dans les années 1580, où il exécute des fresques de grandes dimensions. Sa célébrité fait de lui un professeur très recherché : il compte Pierre Paul Rubens parmi ses élèves entre 1592 et 1594.

Il excelle dans l’art du paysage rêvé et presque fantomatique, grâce à l’utilisation d’une gamme chromatique froide d’une très grande subtilité, depuis le vert jusqu’au bleu. Dans le tableau conservé au château d’Aulteribe, une ville fortifiée campe en haut de rochers escarpés. Il s’agit d’une cité idéale qui se profile, tandis qu’au premier plan des moines s’affairent à des tâches triviales, ramenant un âne, préparant une soupe ou coupant du bois. A gauche du tableau, un homme prie au pied d’une croix rudimentaire. Curieusement, un couple s’échappe et s’éloigne de cette scène qui fonctionne comme un oxymore, donnant à voir une sorte de « trivialité spirituelle ».

Le paradoxe des forces du monde se déploie dans ce microcosme, où le simple, le merveilleux bizarre et la romance suggérée se côtoient. La précision naturaliste de la touche et le rêve brumeux des lointains donnent à voir les profondes contractions de la psyché humaine.

Tobias Verhaecht (c.1560-1631), Paysage avec la conversion de Saint Paul. Huile sur toile, 26.2 x 36.8 cm. Manchester, The Whitworth

© The Whitworth, The University of Manchester

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Fables du paysage flamand au XVIe siècle-Bosch, Brueghel, Bles, Bril, Lille, Palais des Beaux‐Arts, du 6 octobre 2012 au 14 janvier 2013, Paris, Somogy éditions d’Art, 2013.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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