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Neuf portraits de famille peints par Louis Léopold Boilly

Découvrez les descendants de la famille de Fontanges.

Présentation des oeuvres

Louis Léopold Boilly (1761-1845), Portrait du marquis Justin de Fontanges. Huile sur toile, 34,5 x 29 cm

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Les collections du château d’Aulteribe accueillent neuf petites toiles attribuées avec une relative certitude, tant elles sont caractéristiques de sa manière, à Louis-Léopold Boilly (1761-1845) : grande minutie, effet fréquent de porcelaine pour les carnations, un fond neutre et de vastes têtes sur des corps étroits. Ce dernier est l’un des grands portraitistes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles. Originaire du nord de la France, il se forme à Douai puis à Arras avant de s’installer à Paris en 1785. Confronté à une rude concurrence, il se fait portraitiste pour gagner de quoi vivre. En 1791, il expose pour la première fois au Salon, des portraits ainsi que des tableaux en trompe-l’œil.

Il diversifie son art par la suite en peignant, en plus de ses portraits, appelés « petits portraits », des scènes de genre décrivant la vie urbaine et bourgeoise, quelques peintures d’histoire. ll livre ainsi de précieux témoignage sur la vie quotidienne de la fin du XVIIIe siècle à la révolution de 1848. Le prince Youssoupov, le duc de Berry et le duc d’Orléans ne s’y trompent pas en achetant ses scènes de genre enlevées, fixant le mouvement à l’aide d’une grande virtuosité technique. En 1833, il devient chevalier de la légion d’honneur ainsi que membre de l’Institut. Peintre très prolifique, sa production est estimée à près de 4500 tableaux, dont seulement une partie nous est parvenue.

Les portraits d’Aulteribe, sans doute tous des portraits de famille, représentent deux jeunes garçons, un homme d’âge mur foulard blanc noué au cou identifié comme Justin de Fontange ; une femme d’âge mûr identifiée comme Mlle de Barral, marquise de Fontanges ; un homme portant l’ordre de saint Louis identifié comme le marquis de Fontange, époux de Mlle de Barral ; une dame non identifiée ; deux hommes d’Eglise (le plus âgé étant identifié comme Charles-Louis-François de Pierre et le plus jeune comme Louis de Fontanges, frère de Justin) et un militaire en uniforme.

Le portrait d’homme, foulard au cou, identifié par une inscription manuscrite au revers comme le marquis Justin de Fontanges, peut être rapproché du portrait présumé de Grimod de la Reynière conservé au Musée Marmottan-Monet qui présente le même costume et surtout la même coiffure –cheveux en bataille – caractéristique du début du siècle. Justin de Fontanges (1767-1849) est le père de Charlotte-Françoise-Delphine de Fontanges (1790-1879), épouse du compositeur Georges Onslow, et mère d’Henriette de Pierre, propriétaire ayant restauré le château d’Aulteribe. Il est possible de que la femme portraiturée non identifiée soit Adélaïde Pauline de Pont ( ? – 1838), épouse de Justin et mère de Charlotte, à moins qu’il ne s’agisse de Jeanne de Fontanges (1770-1837), sœur de Justin. Etienne Bréton et Pascal Zuber rapprochent, eux, ce portrait féminin de celui du militaire non identifié.

La femme d’âge mûr est identifiée comme Mlle Jeanne Françoise de Barral, marquise de Fontanges (1745-1831), par une inscription manuscrite au revers de l’œuvre. Il s’agit de la grand-mère de Charlotte-Françoise-Delphine de Fontanges (1790-1879). Son grand-père, Louis-Marie, marquis de Fontanges (1719-1781), père de Justin, est également présent en portrait, en uniforme de maréchal de camp orné de l’ordre de saint Louis, reçu en 1764.

Le prêtre, reconnaissable à son col et à son costume noir, est identifié au revers de l’œuvre comme le Père Louis de Fontanges (1766-1843), frère de Justin et oncle de Charlotte. L’autre portrait de religieux est identifié comme Charles-Louis-François de Pierre (1762-1836), par une inscription au revers de l’œuvre, curé de l'église Saint-Sulpice à Paris dont il porte le costume blanc, oncle de l’époux.

Les deux jeunes garçons sont nommés par une inscription Eugène et Isidore, sans qu’il soit possible de retrouver leur identité précise, bien qu’on puisse supposer qu’ils appartiennent également à la famille de Pierre ou Fontanges.

Enfin le dernier portrait, celui du militaire, n’a pas pu être identifié. Il s’agit cependant d’un homme portant un uniforme militaire premier empire et la légion d’honneur. Une tradition, rapportée par Etienne Bréton et Pascal Zuber, veut qu’il s’agisse d’un portrait d’un officier du régiment de Murat et que le portrait de jeune femme soit celui de son épouse.

Pour aller plus loin

Étienne Bréton, Pascal Zuber, Boilly, le peintre de la société parisienne de Louis XVI à Louis-Philippe, éditions Arthena, 2019.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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