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Vue d’un canal de venise par un suiveur de Canaletto

Découvrez comment Venise devient au XVIIIe siècle le lieu privilégié des védutistes, avec les familles Canal et Guardi.

Présentation de l'oeuvre

École vénitienne du XVIIIe siècle, suiveur de Canaletto, Vue d’un canal de Venise. Huile sur toile, 50,5 x 74,5 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé/Centre des monuments nationaux

 

Le tableau s’inscrit dans le genre pictural du védutisme, de l'italien vedutismo, (la veduta signifie la « vue »), genre qui présente des paysages urbains détaillés, avec une attention particulière portée au rendu de la perspective. Ce genre prospère particulièrement aux Pays-Bas et en Italie, et Venise devient au XVIIIe siècle le lieu privilégié des védutistes, avec les familles Canal et Guardi. Le goût pour les souvenirs de voyage et la pratique généralisée du « Grand Tour », un itinéraire formalisé pour les classes aisées et non plus les seuls artistes, contribuent à constituer une demande importante.

C’est pour cette raison que de nombreux autres artistes se sont illustrés dans ce genre, ce qui rend l’identification du peintre du tableau d’Aulteribe très complexe. Le format est traditionnel pour une vedute, et on peut noter une précision de moindre qualité dans le rendu des édifices que dans les toiles d’un Canaletto de même dimension. Cette vue d’un canal de Venise, peut-être le Grand Canal quoiqu’aucun édifice notable ou palais de qualité n’y soit figuré, présente une perspective un peu raide voire scolaire, ce que confirme le tracé sous-jacent visible des demeures vers le point de fuite. Le point de fuite semble du reste se perdre dans l’horizon (en réalité brouillon à cet endroit), ce que ne propose jamais par exemple Giovanni Antonio Canal (1697-1768), mieux connu sous le nom de Canaletto, qui offre toujours une fermeture du point de fuite, en cohérence avec la topographie de Venise. Seuls les personnages donnent un peu de vivacité à ce tableau.

Le style étant très éloigné de celui des frères Guardi, c’est plutôt dans l’entourage de Canaletto qu’il faut situer ce tableau. Le peintre reprend en effet quelques-unes de ses inventions, en proposant un point de fuite légèrement décentré, une lumière étale et présente, ainsi que des contrastes d'ombre et de lumière très appuyés, notamment dans la partie gauche du tableau. Le peintre anonyme de cette vue montre une réelle assimilation de la leçon de Canaletto avec cette organisation des effets de lumière, mais aussi dans l'élaboration des lignes de fuite ainsi que dans la disposition des nuages construisant la profondeur du ciel.

 

Antonio Canaletto (1697-1768), Le Grand Canal vu du palais Balbi. Huile sur toile, 150 x 198 cm. Florence, Galerie des Offices

© Wikipedia

 

Francesco Guardi (1712-1793), Vue du Grand Canal depuis San Simeone, vers 1780. Huile sur toile, 48 x 78 cm. Madrid, musée Thyssen-Bornemisza

© Wikipedia

 

Giacomo Guardi (1764-1835), Vue du Grand Canal avec Regate. Huile sur panneau, 23,9 x 35,5 cm. Vente Sotheby’s, Londres, 06.07.2016

© Wikipedia

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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