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Une copie de la Belle Jardinière de Raphaël

Découvrez une très belle copie du XVIe siècle de la célèbre oeuvre de Raphaël.

Présentation de l'oeuvre

Anonyme italien du XVIe siècle, d’après Raphaël (1483-1520), Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste, dit « la Belle jardinière ». Huile sur toile, 140 x 118,5 cm. [en réserve] Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Alain Lonchampt/Centre des monuments nationaux

 

Le tableau conservé dans les réserves du château d’Aulteribe est une copie du la célèbre Vierge à l'Enfant avec saint Jean-Baptiste, dit « la Belle jardinière », de Raphaël (Paris, Musée du Louvre). Il est d’une grande qualité au regard des autres copies conservées dans les collections publiques, comme celle du musée des beaux-arts de Dijon. D’après les archives conservées au château, c’est probablement René de Pierre, qui effectue de fréquents séjours en Italie, qui en fait l’acquisition.

Les épaisses couches de vernis de l’œuvre d’Aulteribe empêche de percevoir la qualité des couleurs, mais les comparaisons entre le tableau original et sa copie montrent l’extrême exactitude du dessin. Les seules variations perceptibles se situent au niveau du visage de la Vierge, plus gracieux dans la copie : un sourire s’esquisse, le nez est moins droit.

La « Belle jardinière » a été exécutée alors que Raphaël est à Florence et qu’il travaille à un nombre très important de Madones à l'Enfant : La Vierge du grand-duc (Florence, palais Pitti), La Vierge de la prairie (Vienne, Kunsthistorisches Museum), La Belle Jardinière (Paris, Louvre), la Vierge du chardonneret (Florence, Offices). Raphaël s’inspire avant tout de la Madone de Bruges sculptée par Michel-Ange et conservée à la cathédrale de Bruges, qu’il a pu voir avant qu’elle ne quitte Florence pour être envoyée aux Pays-Bas. Cette Vierge apparaît presque frontalement, en majesté, la tête légèrement penchée vers l'Enfant qui se tient en équilibre en s'appuyant entre ses cuisses.

Avec ses madones peintes, Raphaël reprend et modifie le dispositif de Michel-Ange : les jambes de la Vierge sont tournées vers la droite, soutenant le corps du petit Jésus ; celui-ci est tourné vers la gauche, en direction de saint Jean-Baptiste enfant. Les trois figurent peuvent ainsi pivoter au sein d’un agencement pyramidal, calé au centre de la composition et intégré par la lumière nuancée d'un paysage, dont on aperçoit les plaines brumeuses.

Ces trois figures, reliées entre elles dans une action à la fois cohérente et naturelle, renvoient aux expérimentations de Léonard, notamment avec la Saint-Anne, de même que le paysage immergé dans l'air vaporeux de l'arrière-plan. La cohérence de la scène est d'autant plus remarquable que Raphaël donne une expression imperceptiblement ambivalente à la Vierge, à la fois attentive et grave. Elle ne sourit pas à son enfant, qu’elle sait être voué au sacrifice.

En ce sens, les modifications opérées dans la copie d’Aulteribe sur le visage de la Vierge montrent que l’artiste copiant fidèlement par ailleurs, la toile, n’a pas saisi la subtilité du message délivré par Raphaël.

 

Raphaël (dit), Sanzio Raffaello (1483-1520), La Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, 1507. Huile sur bois, 122 x 80 cm. Paris, musée du Louvre

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Dominique Cordelier (dir.), Raphaël, son atelier, ses copistes, Paris, Réunion des musées nationaux, 1992.
K. Oberhuber, Raphaël, Paris, éditions du Regard, 1999.

Pierluigi de Vecchi, Raphaël, Paris, Citadelles & Mazenod, 2002.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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