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Un portrait inédit du duc de Penthièvre, amiral de France, attribué à Carle van Loo

Découvrez le portrait du petit-fils de Louis XIV, fils unique du comte de Toulouse, prince légitimé.

Présentation de l'oeuvre

Attribué à Charles André van Loo (1705-1765), Portrait de Louis-Jean-Marie de Bourbon, duc de Penthièvre (1725-1793). Huile sur toile, 69 x 58,5 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Centre des monuments nationaux/ Alain Lonchampt

 

Ce portrait représente le duc de Penthièvre, reconnaissable non seulement à ses traits (voir les portraits conservés à Toulouse, Fondation Bemberg ; Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon ; Sceaux, musée du domaine départemental de Sceaux). Il arbore sur sa cuirasse l’ordre de la toison d’or ainsi que l’ordre du Saint Esprit.

Louis-Jean-Marie de Bourbon est nommé amiral de France en 1734, puis gouverneur et lieutenant général de Bretagne en survivance en 1736. Il est fait chevalier de l'Ordre de la Toison d'or en 1740 puis chevalier de l'Ordre du Saint-Esprit en 1742. Le portrait peint par Jean-Marc Nattier (dont il existe plusieurs versions d’atelier, en pied et en buste, conservés à la fondation Bemberg ou dans la Collection Georges de Lastic) le représente dans sa jeunesse, après la bataille de Fontenoy à laquelle il participe (1745), bien avant le portrait d’Aulteribe. Les traits épaissis du duc de Penthièvre indiquent que notre portrait est également postérieur à celui exécuté par Jean Baptiste Charpentier Le Vieux (1728-1806), dont il existe également de nombreuses versions d’atelier (musée du château de Versailles, musée de Sceaux, musée des Beaux-arts de Rennes ou de Tours …). Devenu le peintre officiel du duc à partir de 1760, Jean Baptiste Charpentier exécute des portraits intimes, mais surtout les nombreux portraits officiels du prince, d’après un modèle qui ne variera que très peu durant toute la vie du duc.

Dans l’état actuel des connaissances, le portrait présent à Aulteribe constituerait une version officielle inédite du duc, très loin du modèle de Charpentier, tant pour la posture que pour le modelé du visage et des étoffes. Le portrait s’inscrit dans un cadre ovale en trompe-l’œil d’architecture, lui-même inséré dans un rectangle, procédé que l’on trouve davantage dans la gravure que dans la peinture, hormis chez le peintre Claude Lefebvre (1632-1675) au siècle précédent. Guillaume Kientz, un temps conservateur des monuments historiques d’Auvergne, pense que le tableau pourrait revenir à Carle van Loo, qui exécute de nombreux portraits dont on trouve régulièrement la trace sur le marché de l’art. Un élément significatif vient étayer cette hypothèse, puisqu’on trouve en effet dans la vente Sotheby’s de New York e 2010 un portrait de Bacchus dans un ovale feint comme dans notre tableau.

Petit-fils de Louis XIV, le duc de Penthièvre, est le fils unique de Louis-Alexandre de Bourbon (1678-1737), prince légitimé, comte de Toulouse (dont le portrait par l’atelier de Rigaud figure également dans les collections du château d’Aulteribe), et de Marie-Victoire de Noailles. Sa mère, qui cherche à se concilier les membres des autres branches de la maison de France, cherche à marier son fils avec une princesse du sang, Louise-Henriette de Bourbon. Mais la mère de cette dernière, la princesse douairière de Conti, dédaignant une alliance avec une branche bâtarde, accorde sa préférence au duc de Chartres Louis Philippe d'Orléans (1725-1785). La comtesse de Toulouse se tourne dès lors vers une princesse de rang moindre mais dont le père est un souverain régnant et la mère une Orléans, Marie-Thérèse de Modène. Le duc de Penthièvre passait pour l’un des hommes les plus riches d’Europe avec des revenus annuels évalués à six millions de livres, provenant de l'immense patrimoine foncier des enfants du duc du Maine, le prince de Dombes (mort en 1755) et le comte d'Eu (mort en 1775), comprenant les châteaux de Sceaux, Anet, Aumale, Dreux, Gisors. Très affecté par la mort de sa femme en 1754, par celle de son seul fils survivant en 1768, par l'assassinat de sa belle-fille, la princesse de Lamballe (1792) et par la mort du roi votée par son gendre le duc d'Orléans (1793), le duc de Penthièvre achève sa vie dans la dévotion et la charité.

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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