Art & Architecture
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Découvrez le dernier descendant du Grand Condé, assassiné sur ordre du premier Consul Napoléon Bonaparte
Louis Antoine Henri de Bourbon est le dernier descendant du Grand Condé, prince du sang. Il est passé à la postérité pour avoir été assassiné en 1804, sur ordre du premier Consul Napoléon Bonaparte, dans les fossés du château de Vincennes, exécution qui terrorise l’opposition royaliste. Les portraits de sa jeunesse, conservés dans les collections publiques à Versailles ou à Chantilly, sont bien répertoriés et celui du château d’Aulteribe est exécuté alors qu’il est âgé de seize ans. En dépit de sa position de martyr royaliste, peu de copies de ces portraits ont été découverts sur le marché de l’art. L’estampe a pris le relai pour s’affliger sur la mort du jeune duc. Le très rare portrait d’Aulteribe a sans doute été acquis en même temps que d’autres reliques royales présentes au château, notamment le dessin attribué à Mme Élisabeth qu’elle aurait dessiné à la prison du Temple pendant la captivité de la famille royale.
Jean-Michel Moreau, dit Moreau le Jeune (1741-1814) afin de le distinguer de son frère aîné Louis-Gabriel, est un dessinateur et graveur - sans doute l’un des plus grands illustrateurs du XVIIIe siècle français, dont l’œuvre dépasse les deux mille pièces. Élève du peintre Louis Joseph Le Lorrain (1715-1759), il le suit lorsqu’il devient le premier directeur des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg (1758), et y enseigne brièvement le dessin. Après le décès de Le Lorrain, il revient à Paris et suit les leçons du graveur Jacques-Philippe Le Bas. Il devient rapidement un dessinateur de renom auquel font appel tous les éditeurs de luxe. Dans les années 1760, il dessine notamment pour l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et illustre quantité d’ouvrages classiques. Il succède enfin en 1770 à Charles-Nicolas Cochin comme dessinateur des menus plaisirs du roi, puis en 1781, accède au poste de Dessinateur et graveur du Cabinet du Roi. Favorable aux idées révolutionnaires, il devient membre de la commission temporaire des arts dès 1793 et exécute de nombreux portraits de députés, dont un très rare portrait dessiné de Robespierre.
Si ses dessins sont bien connus, son activité en tant que peintre de portraits est peu documentée et a priori très rare. Neil Jeffares note que quelques portraits au pastel, grandeur nature, sont conservés au musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. A son retour à Paris, Jean-Michel Moreau expose place Dauphine des œuvres peintes en 1760 et 1761, aux côtés d’artistes femmes qui ne peuvent entrer à l’Académie (Exposition de la place Dauphine, L’Avant-Coureur, 16.VI.1760, p. 347). Le tableau d’Aulteribe porte la date de 1788, alors que l’artiste est seulement agréé à l’Académie royale de peinture et de sculpture, et ne sera reçu qu’en 1789. C’est alors qu’il est choisi pour représenter le duc d’Enghien, l’année où ce dernier est fait Chevalier des ordres du Roi. Certes, Moreau expose au Salon depuis quelques années des portraits dessinés, comme celui du docteur Joseph-Ignace Guillotin, alors médecin du comte de Provence. L’artiste semble ainsi disposer d’un réseau qui lui permet sans doute d’être recommandé à Louis-Antoine de Bourbon-Condé, peut-être également en raison des portraits et vignettes qu’il grave pour l’Histoire de la Maison de Bourbon par Désormeaux.
© Alain Lonchampt/Centre des Monuments nationaux.
© Alain Lonchampt/Centre des Monuments nationaux.
Neil Jeffares, Dictionary of pastellists before 1800 [édition en ligne], entrée Moreau et Boze.
Nathalie Lemoine-Bouchard, Les peintres en miniature actifs en France, 1650-1850, Paris, Éditions de l’Amateur, Paris, 2008.