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École française du XVIIIe siècle, suiveur de Jean-Marc Nattier, Portrait de femme en blanc

Découvrez le succès du style de Jean-Marc Nattier au XVIIIe siècle.

Présentation de l'oeuvre

École française du XVIIIe siècle, suiveur de Jean-Marc Nattier (1685-1766), Portrait de femme en blanc. Huile sur toile, 52,5 x 45 cm. Sermentizon, Château d’Aulteribe

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Ce tableau se révèle très proche de celui peint par Jean-Marc Nattier (1685-1766), conservé au musée du Louvre. La pose est quasi identique, mais inversée, l’index est pointé alors que la partition de musique a disparu. Le traitement du modelé de l’étoffe est également identique au portrait de Nattier : les plis sont larges et souples, cette fois-ci dans un registre mat. La fleur placée au sommet de la coiffure ainsi que le flou du visage fait songer au portrait de Manon Baletti (1757), conservé à la National Gallery de Londres. Ce tableau inédit comporte toutes les caractéristiques de sa peinture qui a immortalisé dans ses toiles les plus belles dames de Versailles.

Il ne peut cependant être attribué à la main du maître lui-même, en raison de la simplification de la pose, pas plus qu’à son atelier. Les études sont formelles sur ce point : à la différence de Hyacinthe Rigaud ou de Nicolas de Largillierre, Nattier n’a pas constitué d’atelier. Il exécute lui-même les portraits sur demande, en se servant d’études préalables du visage et de dessins préparatoires afin de ne pas multiplier les séances de pose. La vente de son cabinet fait état de nombreux dessins, études et pastels, d'oiseaux, plantes, paysages, aussi bien que d'armures et de portraits.

Jean-Marc Nattier naît en mars 1685 dans une famille d’artistes. Son frère aîné, Jean-Baptiste Nattier, fait aussi carrière dans le genre de la peinture d’histoire. Dès l’âge de quinze ans, Jean-Marc Nattier remporte le premier prix de dessin de l’Académie Royale. Il est reçu en 1713 en tant que membre de l’Académie Royale. Nommé professeur de l’Académie en 1718, le peintre connaît une période de difficultés financières avant de se consacrer à la lucrative peinture de portrait qui le rend célèbre. Son œuvre compte environ quatre cents tableaux, dont de nombreux portraits de femmes.

L’ensemble constitue une aristocratie idéale en représentation. Il exécute de nombreux portraits allégoriques pour lesquels il demeure célèbre : les déesses Diane, Hébé ou Flore sont convoquées afin d’embellir les femmes de la noblesse, de la finance, ou de la bourgeoisie. Cette pratique explique sans doute la répétition de vêtements et d’attitudes presque identiques, engendrant une monotonie qui lui a été reprochée.

À la suite de Hyacinthe Rigaud, étoffes, rideaux, tapis, fleurs sont rendus avec un souci constant de réalisme, mais le théâtre de la puissance n’est plus là. Il est davantage de mettre en scène le luxe, la frivolité et la douceur, avec des coloris clairs, des moirés, et des fondus omniprésents. De plus, les physionomies n'offrent pas de lecture psychologique, en dépit d’une certaine mélancolie présente dans de nombreux portraits de femme sans défauts. C’est sans doute pour cette raison que des copies de portraits de femmes idéales séduisent une clientèle voulant elle-même s’idéaliser, désireuse de diffuser une image de la femme peu érotisée, emprunte de douceur et de mélancolie.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Philippe Renard, Jean-Marc Nattier (1685-1766) : un artiste parisien à la cour de Louis XV, Saint-Rémy-en-l’Eau, 1999, p. 99.

Xavier Salmon, Jean-Marc Nattier, 1685-1766, Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, 26 octobre 1999-30 janvier 2000, cat. exp., Paris, Réunion des musées nationaux, 1999.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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