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Une version de Monseigneur de Saint-Albin par Hyacinthe Rigaud

Faites connaissance avec le fils illégitime de Philippe, duc d’Orléans, régent de France et d’une danseuse de l’opéra...

Présentation de l'oeuvre

Atelier de Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Monseigneur de Saint-Albin, vers 1723. Huile sur toile, 200 x 176 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

 

À la fin du XVIe siècle, le genre du portrait est encore considéré, en France en particulier, comme un mineur. Le classicisme place la peinture d’histoire et la peinture mythologique au sommet de la hiérarchie des genres. Hyacinthe Rigaud est le peintre français qui donne au portrait ses lettres de noblesse, à telle enseigne qu’on l’appela le van Dyck français.

Antoine Van Dyck (1599-1641), d’origine flamande, est en effet dans la première moitié du XVIIe siècle le plus célèbre peintre de portraits de la famille royale et de l’aristocratie britannique. Comme lui, Rigaud devient le peintre de la famille royale et de l’aristocratie française à la fin du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe siècle. Comme le maître flamand, Rigaud refuse se refuse à idéaliser son modèle, comme cela se pratiquait de manière courante à l’époque.

Rigaud impressionne ses contemporains par la « parfaite ressemblance » selon d’Argenville, à ses modèles, qu’il sait par ailleurs parfaitement mettre en valeur par l’habillement. Il connaît les étoffes depuis son enfance dans l’atelier de tailleur de son père et il maîtrise comme nul autre l’art de les représenter. Chez Rigaud, fourrures, velours, satin, dentelles, perruques ont une précision naturaliste mais élégante qui enthousiasme les rois et les princes.  Le peintre est également reconnu pour son sens de la mise en scène, rendant les poses parfois figées, avec des visages où seule une nuance de psychologique transparaît.

 

Quant au modèle, le cardinal Charles de Saint-Albin (1698-1764), il est appelé le « bâtard non reconnu de ce prince et de la comédienne Florence » par Saint-Simon. Et en effet, il est le fils illégitime de Philippe, duc d’Orléans, régent de France (1674-1723) et d’une danseuse de l’opéra, Florence Perrin. Légitimé en 1706, mais non reconnu officiellement, son père le pousse à une carrière ecclésiastique en le nommant évêque de Rouen (1721) puis de Laon (1722), Pair de France et en l’aidant à obtenir l’archevêché de Cambrai.

L’année de son accession, 1723, Saint-Albin commande son portrait à Hyacinthe Rigaud. Le tableau original de 1723 est conservé à Los Angeles, au Paul J. Getty museum of Art.

Saint Simon décrit le cardinal comme extrêmement bon mais parfaitement ignorant. Quant à sa grand-mère, la princesse Palatine, elle confie à Harling, le 30 octobre 1721, que ce petit-fils « m’est le plus cher puisque je le considère comme le plus sûr des bâtards de mon fils ; depuis l’enfance il s’est attaché à moi plus que les autres. Je voudrais bien que mon fils le légitime ».

 

Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Monseigneur de Saint-Albin, 1723. Huile sur toile, 146.1 × 113 cm. Los Angeles, The Paul J. Getty museum of Art

© The Paul J. Getty museum of Art

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Ariane James-Sarazin, Hyacinthe Rigaud, 2 vol. Paris, Faton, 2016.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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