Art & Architecture

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Une carmélite en extase par l’atelier de Simon Vouet

Partez à la découverte de l'art de la distribution de la lumière dans l'atelier de Simon Vouet.

Présentation de l'oeuvre

Atelier de Simon Vouet (1590-1649), Carmélite en extase. Huile sur toile, 182,5 x 110 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Philippe Berthé / Centre des monuments nationaux

 

Louis XIII, rappelant en 1629 à Paris le peintre Simon Vouet qui fait alors carrière à Rome, donne le signal d’une ambition nouvelle pour la peinture française et le prestige de la royauté. À Paris, Vouet apporte un langage pictural différent. Il synthétise les expériences observées en Italie, qui comprennent les effets de lumière dramatiques de Caravage, le maniérisme italien, les couleurs de Véronèse, et le dessin des Carrache. Il peint d’importants retables pour les églises françaises et des tableaux allégoriques pour les riches commanditaires.

Chargé de commandes officielles, Vouet forme également de nombreux peintres qui dépasseront le modèle italien afin de proposer une écriture picturale nouvelle, incarnant la clarté, la rigueur et la certitude de la première école de Paris. Ses élèves, et notamment Charles le Brun, n’oublient cependant pas le langage baroque du maître, avec un plus net accent classiciste. L’atelier de Vouet devient une véritable école française de peinture, qui prolonge son influence sur les artistes de la génération suivante, créant un langage baroque avec quelques accents classicistes.

Le tableau conservé au château d’Aulteribe n’est pas l’exemple le plus typique du style baroque italien en France amené par Simon Vouet le temps de sa faveur. Si la facture et les couleurs de ce tableau, ainsi que son complexe dispositif de lumière évoque l’art de Simon Vouet, la composition du tableau est bien plus sobre que celle de l’Adoration du nom divin par quatre saints, daté de 1647, ornant l’église Saint-Merri à Paris.

Au premier plan apparaît une sorte d'écran, incarné par la vaste robe noire de la carmélite. Cette masse sombre entre en fort contraste avec les rouges du rideau ou du drap d’autel, mais fait surtout mieux apparaître le vif rayon de lumière du premier plan, ainsi que le ciel doré, accompagnant le mouvement des anges. L’art des contrastes lumineux évoque la Sainte Marie-Madeleine conservée à la Galleria Nazionale d’Arte Antica de Rome, mais elle est bien plus emprunte de l’art du Caravage. La figuration de cette religieuse se situe à mi-chemin entre le baroque italien et le classicisme français : toutes les leçons du Caravage sont bien assimilées dans le traitement de la lumière, le rideau et les putti sont quant à eux tout à fait baroques, mais ils ne font qu’animer une composition essentiellement sobre et statique, aux lignes claires et marquées par l’autel et le rayon de lumière sur le sol au premier plan.

Le spécialiste du peintre, Alain Mérot, lors de son examen au moment de la restauration de l’œuvre, attribue ainsi ce tableau à l’atelier de Simon Vouet plutôt qu’au peintre lui-même.

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Barbara Brejon de Lavergnée et Alain Mérot, Simon Vouet, Eustache Le Sueur : dessins du musée de Besançon, cat. exp., musée de Besançon, 12 janvier-5 mars 1984, Besançon, 1984.

Alain Mérot, Éloge de la clarté : un courant artistique au temps de Mazarin, 1640-1660, cat. exp., Dijon, musée Magnin, 8 juin-27 septembre 1998 ; Le Mans, musée de Tessé, 29 octobre 1998-31 janvier 1999, Paris, Réunion des musées nationaux, 1998.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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