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Portrait présumé de Roger de Lorraine, chevalier de Guise par Ferdinand II Elle

Découvrez l'identité de ce personnage aux yeux langoureux.

Présentation de l'oeuvre

Attribué Ferdinand II Elle (1612-1689), Portrait présumé de Roger de Lorraine, chevalier de Guise v. 1670. Huile sur toile, 77,5 x 62 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Hervé Lewandowski / CMN

 

Ce portrait d’homme en armure est sans doute à mettre en relation avec les deux portraits féminins présentant des figures importantes de la noblesse française au sein de l’accrochage initial du marquis de Pierre au château d’Aulteribe. Élisabeth Stuart, figurée dans le portrait accroché comme le pendant de ce tableau, est la grand-mère d’Élisabeth-Charlotte de Bavière, épouse de Philippe de France, duc d'Orléans, frère unique de Louis XIV de France, qui sera elle-même mère de Philippe II, duc d’Orléans, régent de France.

 

Le portrait a ainsi pu être acheté comme étant celui de Philippe d'Orléans. Le style du jabot et de l’armure est très proche d’une estampe représentant Philippe d’Orléans I, et situe bien ce tableau dans les années 1670, période au cours de laquelle le jabot de dentelle se porte autour du cou, souvent agrémenté d’un ruban noué. Cependant, on reconnaît peu le caractéristique nez du frère de Louis XIV, du moins tel qu’il a été immortalisé par le peintre Pierre Mignard ou Antoine Mathieu.

 

En revanche, la ressemblance de portrait avec celui Roger de Lorraine, chevalier de Guise exécuté par Ferdinand II Elle (Collection particulière, galerie Thierry Matranga) est tellement frappante, qu’il n’y a guère de doute quant à l’identité de la personne figurée. Mêmes lèvres ourlées et surtout, même regard suave, rendu par des yeux mi-clos.

 

Roger de Lorraine (1624-1653), chevalier de Guise, est membre de la Maison de Guise, branche cadette et Française de la Maison de Lorraine. Les honneurs dus aux membres des Maisons régnantes lui sont donc accordées à la cour de France. Cadet des fils de Charles Ier de Lorraine, duc de Guise, comte d'Eu, et d'Henriette-Catherine de Joyeuse, dame de Joinville, il passe plusieurs années de son enfance à Florence, puisque son père y est exilé par le Cardinal de Richelieu en 1631. Très jeune, il est fait Chevalier de Malte et en 1644, iI sert au siège de Gravelines.


Lorsqu’en 1649, le commandement de l'abbaye d'Eu est donné à Charles-Maurice Le Tellier, le frère de Louvois, Roger de Lorraine fait grand bruit auprès du Cardinal Mazarin qui la lui avait promise, obligeant Le Tellier à démissionner. Désormais en mauvais termes avec Mazarin, il part servir son cousin, le duc Charles IV de Lorraine, qui lui confie le commandement de ses troupes pendant la Campagne de 1653. Dans sa trentième année, il trouve la mort au siège de Cambrai en 1653.

 

Le regard très dessiné de notre portrait rapproche l’œuvre de l’art de Claude Levebvre (1632-1675) ou de Ferdinand II Elle (1612-1689), comme le portrait Roger de Lorraine de la Galerie, aujourd’hui en mains privées. Le modelé du visage est notamment très similaire. Il semble ainsi que le tableau conservé au château d’Aulteribe doive lui revenir.

 

Louis Ferdinand Elle, dit Elle le Père ou Ferdinand II (1612-1689), est le fils de Ferdinand Elle l'Ancien (1585-1637), peintre et graveur qui travaille à Paris comme peintre de portraits à la cour de Louis XIII. Louis Ferdinand Elle se partage avec les Beaubrun les commandes des portraits du milieu des Précieux, transformant ses modèles en divinités. Louis Ferdinand perpétue la tradition flamande du portrait hérité de son père ; ses personnages aux poses élégantes témoignent ainsi de l’influence de Van Dyck. Son fils, Louis Ferdinand Elle le Jeune (1648-1717) poursuit la même voie.

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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