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Portrait d’un échevin de la ville de Paris par le cercle de Philippe de Champaigne

Découvrez pas à pas les secrets d'une attribution.

Présentation de l'oeuvre

Cercle de Philippe de Champaigne, Portrait d’un échevin de Paris, v. 1650. Huile sur toile, 83 x 67,5 cm. Sermentizon, Château d’Aulteribe [en réserve]

© Centre des monuments nationaux/David Bordes.

 

Ce portrait d’un homme âgé d’une quarantaine ou d’une cinquantaine d’années peut être daté autour des années 1640-1670 si l’on se réfère au col étroit, assez caractéristique du costume masculin de cette période.

Ce qui frappe dans ce portrait de qualité est l’aspect souriant, voire un peu ironique, du personnage représenté. Ce type d’expression est assez rare dans les portraits officiels et c’est pour cette raison que le nom de Jean-Baptiste Colbert a été évoqué, le portrait qu’en a fait Philippe de Champaigne étant souriant. Cependant, l’absence de la fossette au niveau du menton, caractéristique du ministre de Louis XIV, permet d’éliminer cette hypothèse.

C’est vers le manteau rouge, porté sur une épaule, et le col qu’il faut se tourner pour avancer dans l’identification. Ces éléments permettent de trancher en faveur d’une représentation d’échevin. En effet, le prévôt des marchands et les quatre échevins de Paris qui l’assistent portent dans leurs portraits officiels un manteau rouge sur l’épaule droite, comme le portrait collectif exécuté par Philippe de Champaigne, Le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris conservé au musée du Louvre, en est l’illustration. Officiers municipaux élus pour deux ans, ils forment le « petit bureau » du corps de ville qui exerce des fonctions administratives et judiciaires et des compétences variées ayant trait à l’organisation de la ville (circulation, voirie, approvisionnement, fêtes…).

En ce qui concerne l’identité du peintre ayant réalisé ce portrait, une attribution au cercle de Philippe de Champaigne peut être envisagée. Philippe de Champaigne, dont le portrait du cardinal Richelieu est conservé au château d’Aulteribe, attribué lui avec certitude, est né en 1602 à Bruxelles et mort à Paris en 1674. Formé dans des ateliers de Bruxelles, sans doute chez Jean de Bouillon, il rejoint Paris en 1621 après avoir, fait notable, refusé d’entrer dans l’atelier de Pierre-Paul Rubens.

Dans la capitale française, il travaille au côté de Nicolas Poussin dans l’atelier de Georges Lallemant, atelier qu’il quitte aux alentours de 1625. Il travaille ensuite pour les décors du palais du Luxembourg où il se fait remarquer par la reine-mère, Marie de Médicis, et devient son Premier peintre. Il est avec Simon Vouet, l’un des peintres majeurs du règne de Louis XIII. Aussi habile dans la peinture d’histoire que dans le portrait ou les natures mortes, Philippe de Champaigne est un peintre complet à la tête d’un vaste atelier. Sa manière de peindre les portraits se caractérise par une observation scrupuleuse de la psychologie et des détails physiques de son modèle, comme les peintres du nord, couplée à un chatoiement des drapés et costumes, des poses sobres, mais souvent dramatisées par le biais de la position des mains. Pour cet ensemble de raisons, le portrait d’Aulteribe, sans présenter les qualités techniques indéniables du peintre, peut être rapproché de la manière de Philippe de Champaigne.

 

Philippe de Champaigne (1602-1674), Le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris, 1654. Huile sur toile, 200 x 271 cm. Paris, musée du Louvre

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux

 

Philippe de Champaigne (1602-1674) (d'après) et Robert Nanteuil (1623-1678), Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances. Estampe au burin, 32,4 × 25,4 cm. Paris, école nationale supérieure des Beaux-Arts

© ENSBA

 

Philippe de Champaigne (1602-1674), Portrait d'un échevin de la ville de Paris, vers 1656/57. Huile sur toile, 72,4 x 53 cm. Royaume-Uni, Londres, Wallace Collection

© The Trustees of the Wallace Collection

 

Anonyme, cercle de Philippe de Champaigne, Portrait d’un échevin (non identifié), vers 1650. Pastel, 23 x 19 cm. Chantilly, musée Condé

© RMN-Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojeda

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Anthony Blunt, « Philippe de Champaigne's Portraits of the Echevins of Paris », The Burlington Magazine for Connoisseurs, vol. 82, n°481,1943), p. 83-87.

Bernard Dorival, Philippe de Champaigne (1602-1674) : la vie, l’œuvre et le catalogue raisonné de l’œuvre, Paris, Laget, 1976, 2 vol.

Jean Hubac, « Le prévôt des marchands et les échevins de la ville de Paris », Histoire par l'image [en ligne], 

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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