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Charles-Emmanuel II de Savoie par Charles Dauphin

Découvrez pourquoi le portrait de Charles-Emmanuel II de Savoie est lié aux habitants du château d'Aulteribe

Présentation de l'oeuvre

Charles Claude Dauphin (entre 1615-1677), Charles-Emmanuel II de Savoie. Huile sur toile, 131,5 x 106 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Centre des monuments nationaux/Philippe Berthé

 

L’identification du personnage représenté est relativement aisée, les traits de Charles-Emmanuel II de Savoie (1634-1675) sont en effet très caractéristiques. Charles-Emmanuel se marie deux fois. En 1663, il épouse Françoise-Madeleine d'Orléans, il n'y eut pas de postérité. Elle meurt l'année suivante. De son second mariage, avec Marie-Jeanne-Baptiste de Savoie, naît Victor-Amédée II (1666-1732), qui lui succèdera. On peut à juste titre se demander pourquoi ce portrait figure dans la collection, n’ayant que peu de rapport avec les portraits de l’entourage de la famille royale de France. Peut-être faut-il porter attention au titre complet du duc (Charles-Emanuel II, duc de Savoie, de Chablais, d'Aouste, de Genevois et du Monferrat) et le Jeanne-Françoise de Barral de Montferrat (1745-1831), une des marquises de Fontanges. Le portrait est accroché de manière assez originale en dessus de porte, au-dessus d’une vue italienne qui constitue le véritable dessus de porte. L’imposant format du portrait lui permet en définitive de surplomber le grand salon, telle une figure tutélaire.

Une facture conservée au château d’Aulteribe attribue l’œuvre à Sir Peter Lely, originairement Pieter Van der Faes (1618-1680). Ce peintre néerlandais acquiert une grande popularité comme portraitiste en Angleterre où il s'établit vers 1664, à l'occasion des noces du prince Guillaume II d'Orange et de Marie d'Angleterre. Il peint alors le portrait des fiancés, ce qui lui permet de faire son entrée à la Cour. Par la suite, il entre au service du comte de Northumberland pour lequel il copie des œuvres de Van Dyck, mais c’est grâce à ses portraits qu’il prend la succession de Van Dyck, en devenant le portraitiste à la mode en Angleterre. En 1661, Charles 1er le nomme « Principal Painter », mais sa célébrité vient surtout de sa série peinte de dix dames de la Cour du roi Charles II, les « Windsor Beauties » (Hampton Court) qu’il exécute entre 1662 et 1665.

 

Pourtant, en dépit que de la facture retrouvée, le modèle original doit bien revenir au peintre Charles Dauphin (entre 1615-1677), artiste lorrain dont la carrière s'est déroulée principalement dans le duché de Savoie. Si un portrait quasi identique est documenté mais aujourd’hui non localisé, il reste le grand portrait familial conservé au musée du Prado qui atteste de la paternité du modèle. Les marchands de tableaux peuvent aussi se tromper lors des ventes…

 

Peter Lely (1618-1680), Portrait de James II of England (1633-1701), vers 1650-1675. Huile sur toile, 99,5 x 121,5 cm. Bolton Museum and Art Gallery, Lancashire

© Bolton Museum and Art Gallery

 

D’après Charles Dauphin, Charles-Emmanuel II, duc de Savoie (œuvre non localisée)

© Wikipedia

 

Charles Claude Dauphin (entre 1615-1677), Charles Emmanuel II, Duc de Savoie, son fils et son épouse Jeanne de Savoie, 1666. Huile sur toile, 299 x 300 cm. Madrid, musée du Prado

© Musée du Prado

 

Charles Claude Dauphin (entre 1615-1677), Charles Emmanuel II, Duc de Savoie, son fils et son épouse Jeanne de Savoie, 1666. Détail. Huile sur toile, 299 x 300 cm. Madrid, musée du Prado

© Musée du Prado

Oeuvre à la loupe

Pour aller plus loin

Juan J. Luna, « Le duc de Savoie Charles-Emmanuel II peint par Charles Dauphin », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes, tome 94, n°2, 1982, p. 965-977.

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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