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Zouaves et cavaliers par Victor de Luna

Partez à la découverte des représentations de la vie quotidienne des soldats, en vogue sous le Second Empire.

Présentation de l'oeuvre

Victor de Luna, Zouaves et cavaliers, 1866. Huile sur toile, 33 x 57 cm. Château d’Aulteribe (Sermentizon)

© Centre des monuments nationaux/ Hervé Lewandowski

 

L’œuvre, signée et datée à l’angle inférieur dextre, a été exécutée par un artiste peu documenté, dont on retrouve Une avant-garde du 6 e dragons pendant la campagne de Crimée, tableau exposé au Salon de 1864 (n° 1264). La peinture de bataille est une des dernières évidentes manifestations de la peinture d'histoire entre 1860 et 1870 et de nombreuses œuvres – représentations du souverain, héroïsation des officiers, etc. – maintiennent la tradition de ce genre. Mais l’œuvre conservée au château d’Aulteribe, relève d’une sorte de « sous genre » au sein de la peinture d’histoire : la peinture de la vie de soldat.

L’évolution de la peinture de bataille vers des représentations centrées sur la vie quotidienne des soldats est sensible sous Napoléon III, qui veut donner à voir tous les aspects de la guerre. La manière de percevoir cette dernière évolue rapidement au cours du XIXe siècle, sous l’impulsion majeure de la photographie après 1859, où les marges des batailles et la vie de soldat en vient à occuper une place primordiale. Il s’agit bien de trouver un angle nouveau et original en lieu et place de la peinture de bataille, livrant une image glorieuse et convenue des conquêtes, en figurant le quotidien de ceux qui se trouvent au cœur des conflits.

Victor de Luna s’inscrit ainsi dans le sillage d’Eugène Bellangé (1837-1895), un des premiers peintres à aborder la trivialité de la vie des soldats entre 1860 et 1870. Dès 1864, Eugène Bellangé exécute des toiles de ce type : Un soir de bataille (Italie) (Paris, Salon de 1864, n° 122), La Partie de loto : souvenir du camp de Châlons (Paris, Salon 1866, n° 110 ; Paris, musée de l'Armée) ou Un écarté à la cantine, camp de Boulogne (Paris, Salon de 1865, n° 134).

D’autres peintres suivent cette voie, comme Frédéric-Charles-Edmond Bannes du Port de Poncharra-Puygiron, lui-même capitaine d’infanterie, qui présente en 1865 Une partie de cartes dans la tranchée au siège de Sébastopol (Paris, Salon de 1865, n° 92).

Si cette nouvelle tendance plaît aux collectionneurs, comme en témoigne la présence de ce tableau et d’autres de la même veine au château d’Aulteribe, les critiques des Salons sont moins convaincus. L’impression de décadence domine : « La solennelle peinture historique, telle qu’elle a été si longtemps comprise et pratiquée en France, est allée rejoindre, dans le garde meuble des choses que le goût déserte, le bagage des tragédies classiques » (Augustin-Joseph Du Pays, « Salon de 1864 », L’Illustration, 1864, p. 378).

 

Eugène Bellangé (1837-1895), Soldats d'infanterie au camp de Châlons en 1864. La partie de loto, 1865. Huile sur toile, 98,5 x 138 cm. Paris, musée de l'Armée

© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l'Armée

 

Gustave Le Gray (1820-1884), Camp de Châlons : la toilette des zouaves, 1857. Photographie, 32 x 37,1 cm. Paris, musée de l'Armée

© Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Christian Moutarde

Oeuvre à la loupe

Autrice de la notice

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Morwena Joly-Parvex

Conservatrice du patrimoine

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