Hubert Robert (1733-1808), Caprice avec le Panthéon et une fontaine. Huile sur toile, 65 x 82 cm © Centre des Monuments nationaux.
Hubert Robert, 1733-1808 : Un peintre visionnaire, [Paris, musée du Louvre, 9 mars-30 mai 2016], cat. exp. sous la dir. de Guillaume Faroult, Paris, 2016.
Hubert Robert (1733-1808) est initialement destiné par ses parents à une carrière d’ecclésiastique, mais choisit la voie artistique en rejoignant l’atelier du sculpteur Michel-Ange Slodtz, où il apprend le dessin. Par l’intermédiaire de Slodtz, il fait la rencontre de Joseph Vernet (1714-1789), célèbre peintre de marines, qui exerce une grande influence sur son art, et avec qui il se lie d’amitié. En 1754, âgé d’à peine 21 ans, il se rend en Italie en compagnie du futur duc de Choiseul et y reste onze années. Là-bas, il se forme à l’Académie de France à Rome, et s’inspire de deux grands artistes italiens : Piranèse (1720-1778) et Giovanni Paolo Panini (1691-1765) qui lui enseignent l’art de la perspective. Robert quitte Rome en 1765 pour Paris, où il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1766. En 1778, il obtient un logement au Louvre, puis un atelier l’année suivante. Grâce à l’intervention du directeur des bâtiments du roi, d’Angiviller, il est nommé en 1784 garde du Muséum et peintre des jardins du Roi. D’Angiviller lui permet également d’obtenir de nombreuses commandes, dont celle de la construction de la laiterie de la Reine et du jardin anglais de Rambouillet. Emprisonné brièvement pendant la Révolution, il travaille par la suite pour l’empereur de Russie.
Devenu peintre des ruines par excellence, la production d’Hubert Robert se caractérise le plus souvent par de vastes paysages avec vestiges antiques, animés de personnages du quotidien, vacant à leur occupation. Ces toiles sont des caprices, c’est-à-dire des représentations imaginaires de paysages, rassemblant des monuments en réalité dispersés. Le Caprice ou Capriccio s’oppose ainsi à la Veduta qui lui est contemporaine, représentation quasi photographique d’un paysage. Le Caprice connaît un succès immense dans la deuxième moitié XVIIIe siècle, notamment parce qu’ils évoquent, selon Diderot dans ses commentaires au Salon de 1767, un sentiment de nostalgie et de peur : « Tout s’anéantit, tout périt, tout passe ». De même, dans ses vues en lien avec l’actualité Hubert Robert se plaît à figurer les monuments détruits à Paris (incendie du Palais Royal, maisons sur les ponts) ou que l’on construit.
La touche d’Hubert Robert est libre pour les personnages, traités en quelques coups de pinceaux, et précise pour les monuments et architectures, auxquels il attache une grande attention. Sa palette est dominée par les nuances de brun, couleurs du sol et des pierres marquées par le temps, mais réhaussé par les couleurs vives de drapés qui habillent ses personnages.
La toile située dans la chambre rouge peut être attribuée à Hubert Robert en dépit de l’absence de signature. En effet, elle présente l’ensemble des caractéristiques de la manière du peintre, notamment dans le brio de la touche qui caractérise les personnages. Le peintre représente ici une vue inspirée de l’architecture romaine avec la présence du Panthéon en ruine, motif régulier dans les toiles de Robert, ainsi qu’une fontaine, sans doute inspirée de celle, détruite au XVIIIe siècle, dessinée par l’architecte Francesco Borromini pour la place Capodiferro. Le motif du bassin en pierre au premier plan est également présent dans une autre toile de Robert, une Ruine avec un obélisque au loin, datée de 1775 et conservée au musée Pouchkine de Moscou.
Gravure anonyme, fontaine de la place Capodiferro à Rome.
Hubert Robert (1733-1808), Paysage avec ruines et fontaine, V. 1773. Huile sur toile, 276 x 243 cm. Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen, Alte Pinakothek © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image BStGS
Hubert Robert (1733-1808), Ruine avec un obélisque au loin, 1775. Huile sur toile, 160 x 104 cm. Moscou, musée Pouchkine. © Wikipedia.